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Édition

LAURENCE LORENZI, JEAN-LUC MOULÈNE / LANCEMENT / GALERIE CHANTAL CROUSEL

Lancement du livre Laurence Lorenzi, Jean-Luc Moulène, à la Galerie Chantal Crousel, vendredi 16 décembre 2022 à 18h30.

Rencontre et discussion avec Nathalie Delbard.

Galerie Chantal Crousel
5, rue de Saintonge
75003 Paris

Is-land Édition

« Que nous raconte une œuvre d’art ? La vie, bien sûr. On s’y étreint et on s’y aime, beaucoup ; on s’y livre à des sociabilités, à des batailles, à des exploits et des bassesses ; on y souffre et on y meurt, également, sans doute trop. Et puis on y mange, évidemment. »
Thomas Schlesser (extrait)

Lei Saito, Cuisine existentielle

Is-land Édition

« Parlons du halo et de la couleur des astres brillants.
Parlons du souffle de la terre et des vents qui sortent des nuages.
Parlons des exhalaisons sèches et des exhalaisons humides.
Parlons de la salinité de la mer et de sa génération.
Parlons des excrétions, des concrétions, des ampholytes, de l’évaporation.
Parlons de la condensation et de la putréfaction.
Parlons des solides liquides, des corps chauds et des corps froids.
Parlons de tout cela.
Remontons aux causes premières, mais non vers les cieux des vérités générales, ou alors au-delà. »
Sally Bonn (extrait)

Cécile Beau, Aoriste

(RE)PRISE DE VUE

par Élisabeth Lebovici (extrait)

[…] Maria Slautina conclut ainsi que Untitled (Face in Dirt) a le statut d’une œuvre de David Wojnarowicz réalisée par lui avec l’aide de Marion Scemama, « choisie » pour prendre l’image, mais qu’il en a seul pris contrôle, responsabilité, et crédit. C’est une œuvre avec un seul auteur, conclut-elle.
Certes. Cela peut être vrai techniquement, juste juridiquement, et avéré au regard de l’histoire de l’art canonique, celle qu’on délivre encore dans les universités et les musées. Mais on ne peut pas complètement renier l’historiographie féministe qui, depuis Linda Nochlin, en 1971, associe l’unicité de l’auteur, son originalité et sa responsabilité à une conception patriarcale de la création, et fait donc l’objet d’une critique radicale. Depuis aussi que Simon Schaffer et Steven Shapin ont écrit leur fameux Léviathan et la pompe à air, montrant que, dans le projet expérimental moderne, une « technologie » sociale est à l’œuvre – l’espace du laboratoire : la « signature matérielle des collaborateurs·trices » –, doit-on souscrire encore complètement à cette version ? Pour prendre un exemple, l’attribution à Claude Cahun de ses autoportraits a été l’objet de vifs débats jusqu’à l’adoption par certains musées et collections d’une double signature : Claude Cahun et Marcel Moore. Parce que la seconde (Suzanne Malherbe, dite Marcel Moore) faisait la photo, réalisait effectivement les autoportraits de la première. Peut-être l’une avait elle toutes les idées ? Peu importe. Il s’agissait d’une collaboration affective, émotionnelle, amoureuse entre deux femmes, Lucie Schwob et Suzanne Malherbe. Elles ont vécu et travaillé ensemble pendant presque quarante ans, jusqu’à la mort de la première. La recon-naissance d’une relation non hétérosexuelle représente ici un pivot. C’est le cas aussi pour David Wojnarowicz et Marion Scemama, dont l’histoire n’est ni hétérosexuelle ni homosexuelle. Probablement, si on la situe en dehors de cette binarité, c’est là que passe cet amour-là (je fais ici référence au livre de Yann Andréa, Cet amour-là. L’histoire d’amour que lui, homme homosexuel, choisit de vivre durant seize ans avec Marguerite Duras).

A Slow Boat to China. 

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« Et, si les supposées sorcières ont tant dérangé, c’est aussi et surtout peut-être parce qu’elles pouvaient apparaître comme des femmes libres et libérées, la sorcière pouvant être la femme qui, par la cheminée, échappe aux mains de son mari, avec son balai, pour s’envoyer – littéralement – en l’air. Et c’est ainsi que la sorcière est devenue la grande figure d’identification féministe, avec son sex-toy interdit et scandaleux, identique, à la fin du xixe et au tournant du xxe siècle, à la selle de vélo, à laquelle on reprochait d’être masturbatoire, et donc mauvaise pour la santé et la morale. »
Anne Dressen (extrait)

 

Sylvie Auvray, Les Cambuses

XXIV

SLEEP FOOD SATISFACTION LIDS SOFA DROOL

DISTINCTIONS CONNOISSEUR REJECTION TOME

TONE PROXIMITY WHISTLING HEATH DESIRE

LAUGHTER EXHAUSTION DEPOSIT HOUSE MINE

DOWN PILLOW ARPEGGIO CASCADE TILT

PERSON CHARACTER SINGULARITY

VACUUM GATHERING MYSTIFICATION

FRAUDULENCE SESSION MUSEUM

CABINET EMISSION GEOMETRY GUIDANCE

EQUATION FORMULA ABSTRACTION

INCLINE PASTEURIZATION SOCCER

SUCCOR MONOPOLY MATERIAL

WASTE WAIST WEIGHT WAIT EXFOLIATION FAKE

CIVILIZATION CIVILIZATION

 

Gregg Bordowitz
Debris Fields is a selection of seven poems from a group of twenty-four in Gregg Bordowitz, Taking Voice Lessons, Amsterdam: If I can’t dance, I don’t want to be part of your revolution, 2014.

Soliciting Abstraction Otherwise: Anagrammatic Improvisations in Glenn Ligon’s « Debris Field »

by Sara Nadal-Melsió (extract)

 

Nay, here in these our verses,
Elements many, common to many words,
Thou seest, though yet ’tis needful to confess
The words and verses differ, each from each,
Compounded out of different elements—
Not since few only, as common letters, run
Through all the words, or no two words are made,
One and the other, from all like elements,
But since they all, as general rule, are not
The same as all.

Lucretius, De rerum natura/On the Nature of Things. Ed. William Ellery Leonard. London: Dent/New York: Dutton, 1916

Immersions

Carl Jung once described James Joyce and his daughter Lucia’s exploration into the edges of subjectivity and language as “two people going to the bottom of a river, one falling and the other diving.” Glenn Ligon is most certainly a diver, one whose artistic output takes the form of an immersion into the liquidity of language, an exploration of the intimate connection between difference and impenetrability, and finds its expression primarily, but by no means exclusively, in painting as a medium.1 Thus, Ligon’s soundings are invested in equal measure, and simultaneously, in the textualization of color through saturation and in the materialization of the textual, a back and forth that punctuates the movement between reading and painting as speculative forms of autography. Furthermore, the material narrative inscribed in the texture of the canvas, paper or linen reveals itself as a hermeneutic of reading, which in turn becomes a painting against words, a lucid disassociation that probes the limits of painting as a medium as well as of the textual beyond the legibility of the letter.

Etel Adnan + Paul Klee

Le 7 octobre 2018, l’exposition Etel Adnan au Zentrum Paul Klee organisée par Sébastien Delot fermera ses portes.

La biographie d’Etel Adnan est marquée par un environnement multiculturel. Elle naît en 1925 à Beyrouth, au Liban, alors administré par les Français. Fille d’une Grecque chrétienne et d’un Syrien musulman, elle étudiera plus tard à la Sorbonne à Paris et aux États-Unis à Berkeley et Harvard. Sa vie se déroule dorénavant entre la baie de San Francisco, Beyrouth et Paris. Ses origines, sa famille et l’histoire du Proche-Orient sont particulièrement présentes dans son œuvre littéraire. Dès les années 1970, elle se fait un nom avec ses essais philosophiques, ses romans, ses poèmes et ses textes journalistiques, et devient une voix importante de la littérature. C’est avec sa participation à la dOCUMENTA (13) en 2012, qu’Etel Adnan, maintenant âgée de 93 ans, est rendue célèbre à un public international. L’artiste libanaise est l’une des représentantes les plus importantes de la modernité arabe.

Depuis la publication du court essai Écrire dans une langue étrangère, je rêvais de rencontrer Etel Adnan, cela bien avant sa grande exposition à la Serpentine. Etel Adnan est l’auteure d’une œuvre où se confondent création littéraire et création plastique. Elle nous a reçus dans son appartement parisien où nous avons parlé d’amour, d’altérité et des anges de Paul Klee.
Figure du féminisme, poète et peintre, elle se nourrit des grandes références picturales du xxe siècle, en particulier Paul Klee dont elle parle comme d’un premier amour. Dans l’ouvrage qui lui est consacré, elle nous montre comment elle regarde une œuvre, comment celle-ci peut entrer en nous et nous accompagner. Elle nous dit à travers cette passion comment l’œuvre de Paul Klee, lumineuse et parfois angoissante, l’a conduite à réaliser sa propre œuvre picturale.

La richesse des entretiens accordés à Sébastien Delot a conduit le commissaire à réaliser une biographie très complète croisant les événements de la grande histoire, et son histoire à elle.

J’espère que la lecture de ces 120 pages vous donnera l’envie de (re)découvrir son œuvre !